Telles sont, dit-on, les raisons qui le portèrent à empêcher le peuple de céder aux Lacédémoniens ; mais ses vrais motifs ne sont pas bien connus. D’abord une peste cruelle vint affliger la ville, et, en moissonnant la fleur de la jeunesse, elle affaiblit sensiblement les forces des citoyens[110]. Ayant retrouvé son rang grâce au mariage de sa sœur avec le riche Callias, il poursuit la guerre contre les Perses et remporte d’importantes victoires. L’image de la démocratie athénienne n’en sort pas grandie : sur le plan extérieur, Athènes se montra une puissance impérialiste brutale et sans pitié, sans aucun sens de la justice. Plutarque : Vie de Périclès (chapitres 17-39) Traduction nouvelle annotée par Marie-Paule Loicq-Berger Chef de travaux honoraire de l’Université de Liège Adresse : avenue Nandrin, 24 … Nous empruntons cette analyse à Françoise Frazier, Histoire et morale dans les Vies parallèles de Plutarque (voir bibliographie) ; narration et commentaire alternent, comme le montre le schéma ci-dessous : Opérations militaires : renversement du gouvernement oligarchique, rétablissement de celui-ci et retour de Périclès, Départ de Périclès ; sortie victorieuse des Samiens ; les prisonniers sont marqués d’une samienne, Retour de Périclès : organisation du siège et occupation des hommes, et emploi des machines de guerre d’Artémon le Périphorète, Jugement final : avis d’Ion de Chios et de Thucydide. Il ne doutait pas que, dans des affaires si importantes, dans des dangers si pressants, le peuple, entraîné par sa puissance et par son mérite, ne se reposât sur lui seul de sa défense. — Eh bien ! Bientôt les Eubéens se révoltèrent. Après sa mort, Métagènès, du bourg de Xypète, plaça le cordon et le second rang de colonnes[44]. Nommé général, il s’occupa tout de suite de faire révoquer la loi qu’il avait autrefois fait passer lui-même contre les enfants naturels : comme il n’avait plus alors de successeur légitime de son nom, il ne voulait pas que sa famille et sa maison s’éteignent avec lui. Métèques, mais aussi femmes et enfants en sont naturellement exclus. III. X. Une pareille conduite eût pu, aux yeux de ceux qui nous en font un crime, trouver son excuse dans la crainte de voir ce dépôt exposé dans Délos à devenir la proie des Barbares, danger qu’on avait voulu éviter en le transférant à Athènes comme en un lieu plus sûr ; mais ce moyen de justification, Périclès nous l’a enlevé. ἐξονειδίζω : adresser des reproches injurieux à quelqu’un, σχινοκέφαλος, ος, ον : tête d’oignon marin, σκίλλα : ancien nom de l’oignon marin (= ἡ σχῖνος, ου) ; il s’agit d’une plante médicinale méditerranéenne : voir, μόλε : impératif aoriste actif de βλώσκω, μολοῦμαι, ἔμολον, μέμβλωκα : aller, venir, ἑνδεκακλίνος, ος, ον : « à onze lits » = très long. J’ai déjà dit qu’au commencement de son administration, Périclès, pour balancer le crédit de Cimon, s’était attaché à gagner la faveur du peuple. Il ne parut plus dans les rues que pour aller à la place publique ou au conseil. Damon, un sophiste qui ne dit pas son nom ; or, à l’époque de Plutarque, les sophistes étaient plutôt mal vus, alors qu’au temps de Périclès, ils étaient de véritables stars. ἡ ὁμιλία, ας : relations familières, commerce habituel, μεμουσωμένος < μουσόω-ῶ : instruit dans un goût délicat, δοξοκοπία : ambition de la gloire ou des honneurs, ἡ δεισιδαιμονία, ας : crainte superstitieuse. Ils disent que, lorsqu’il parlait dans l’assemblée du peuple, les tonnerres et les éclairs partaient de sa bouche, et que sa langue lançait la foudre. Celles-ci ne sont pas indépendantes, mais sont soumises au droit et aux magistrats athéniens. Chacune de ces choses a sa cause et sa préparation, et ne laisse pas d’être le signe d’une autre. Voir le portrait de Sempronia que dresse Salluste (Catilina, § 25), ou encore l’image de Clodia que donne le Pro Caelio de Cicéron. plus haut, § 10. Aussi son récit n’a-t-il aucune apparence de vérité. Égine est l’île qui se trouve en face du Pirée. Périclès fit son possible pour le retenir, et lui dit, en pleine assemblée, ce mot si connu : « Si vous ne voulez pas en croire Périclès, vous ne risquez rien au moins d’attendre : le temps est le conseiller le plus sage. Cependant il vint d’Athènes une nouvelle flotte qui resserra les Samiens de tous les côtés[79]. οὔτ᾽ ἀνέμοισι τινάσσεται οὔτε ποτ᾽ ὄμβρῳ, δεύεται οὔτε χιὼν ἐπιπίλναται, ἀλλὰ μάλ᾽ αἴθρη, πέπταται ἀνέφελος, λευκὴ δ᾽ ἐπιδέδρομεν αἴγλη·. Cratinos la traite ouvertement de courtisane : Elle eut cette Héra, cette belle Aspasie. L’exercice d’une profession abjecte décelle, dans celui qui s’y livre, sa négligence pour de plus nobles occupations ; les soins qu’il s’est donnés en s’appliquant à des choses futiles déposent contre lui. Périclès, qui s’y opposa de toutes ses forces, et qui excita le peuple à persévérer dans sa haine contre Mégare, fut regardé comme le seul auteur de cette guerre. A peine il était embarqué, que Mélissos, fils d’Ithagène, philosophe distingué[81], et alors général des Samiens, méprisant le petit nombre de vaisseaux que Périclès avait laissés et l’inexpérience de ceux qui les commandaient, persuade ses concitoyens d’aller les attaquer. Je ne sais où Idoménée a pris toutes ces calomnies, qu’il distille, comme une bile noire, sur un homme qui peut bien n’être pas sans reproche, mais dont la grandeur d’âme, dont la passion pour la gloire, ne sauraient s’allier avec une action si atroce. Cela dit, au fur et à mesure que le projet des Vies avancera, les héros seront de moins en moins exemplaires (voir les aventuriers Démétrios, Alcibiade, Alexandre, Antoine…), et l’intérêt de Plutarque pour la « psychologie » des personnages l’emportera sur l’aspect moral, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Vie de Périclès, 12,5-13,5 : Les travaux de l'Acropole . Duris de Samos[87], afin de rendre l’événement plus tragique, accuse Périclès et les Athéniens d’une horrible cruauté dont ni Thucydide, ni Ephore, ni Aristote, n’ont fait mention. J-C), et fut mis à mort par les Athéniens avec ses collègues, pour n’avoir pas repêché les cadavres des marins tués au combat. Il supportait impatiemment la sévère économie de son père, qui fournissait bien peu à ses plaisirs. Deux subjonctifs présents (ἔχωσιν, λυμαίνηται, διατρέφῃ) dépendant de ὅταν : répétition dans le présent. On choisit, pour aller faire cette invitation, vingt citoyens au-dessus de cinquante ans, dont cinq furent envoyés vers les Ioniens, les Doriens d’Asie et les insulaires jusqu’à Lesbos et Rhodes ; cinq autres allèrent dans l’Hellespont et la Thrace, jusqu’à Byzance ; cinq dans la Béotie, la Phocide et le Péloponnèse, d’où ils passèrent par la Locride dans le continent voisin jusqu’à l’Acarnanie et l’Ambracie ; les cinq derniers, traversant l’Eubée, parcoururent les pays voisins du mont OEta et les environs du golfe de Malée, les pays des Phthiotes, des Achéens et des Thessaliens. On lui a donné ce nom parce que le premier vaisseau de cette forme fut construit à Samos par ordre du tyran Polycrate. Pendant l’exil de Cimon, les Lacédémoniens entrèrent avec une grande armée sur le territoire de Tanagre[32]. Il est rappelé à la suite de défaites athéniennes et dirige la politique extérieure d’Athènes, laissant le champ libre aux démocrates à l’intérieur. Quelques auteurs disent que Périclès ne proposa le décret pour rappeler Cimon qu’après avoir fait avec lui, par l’entremise d’Elpinice, soeur de ce dernier, un traité secret dont les conditions étaient que Cimon irait, avec deux cents vaisseaux, faire la guerre hors de la Grèce et ravager les états du roi de Perse, et que Périclès aurait toute l’autorité dans Athènes. Mais Agnon supprima du décret cette dernière disposition ; il fit décider que l’affaire serait portée devant quinze cents juges[103], et que l’accusation serait intentée pour cause de vol, de concussion ou d’injustice, au choix de l’accusateur. Une telle conduite leur était inspirée par ses ennemis, qui attribuaient cette contagion à la multitude des habitants des bourgs qui s’étaient retirés dans la ville, et qui, accoutumés à respirer un air libre et pur, se trouvaient, au fort de l’été, entassés pêle-mêle dans de petites maisons et sous des tentes étouffées, où ils passaient des journées entières. Sa tête monstrueuse, en ébranlant les airs. Archidamos, roi de Sparte, fit tous ses efforts pour pacifier la plupart de ces différents et adoucir les esprits des alliés ; il est même probable que les Athéniens ne se seraient pas attiré la guerre pour les autres griefs qu’on avait contre eux, si on avait pu les amener à révoquer leur décret contre les Mégariens, et à faire la paix avec ce peuple. § 6 et 8. Aristophane. XXXV. En distribuant ainsi aux citoyens pauvres de l’argent pour assister aux spectacles et aux tribunaux, en leur faisant plusieurs autres dons aux dépens du trésor public, il corrompit la multitude, et s’en servit pour rabaisser l’aréopage, dont il n’était point membre, parce que le sort ne l’avait jamais favorisé pour être archonte, thesmothète, roi des sacrifices, ou polémarque : car de tout temps ces charges s’étaient données au sort, et ceux qui s’y étaient bien conduits montaient à l’aréopage[31]. Il établit aussi plusieurs colonies, une de mille citoyens dans la Chersonèse, une de cinq cents à Naxos, une troisième de deux cent cinquante à Andros, une autre de mille au pays des Bisaltes en Thrace. Mais les Athéniens, lassés de la longueur du siège[83], ne demandaient qu’à combattre ; et comme il n’était pas facile de les contenir, il imagina, pour les distraire, de partager sa flotte en huit escadres qu’il faisait tirer au sort. « Eh bien, lui dit Périclès, quelle différence y a-t-il entre mon manteau et ce qui cause l’éclipse, sinon que ce qui produit ces ténèbres est plus grand que mon manteau ? κατεπτηχώς < καταπτήσσω (participe parfait actif) : se blottir de crainte. Elle était de la Phocide, et fille d’Hermotimus. καταδημαγωγέομαι-οῦμαι : être supplanté dans la faveur populaire. J.-C. à Athènes (Grèce), au sein d'une illustre famille athénienne. Dans les biens de la fortune, c’est leur possession et leur jouissance que nous aimons ; dans les biens de la vertu, ce sont leurs effets. Ces deux villes étaient en guerre au sujet de celle de Prienne. Il me semble que cette douceur de moeurs, cette vie qu’il maintint toujours pure dans l’exercice de son autorité, suffisent seules pour ôter au surnom fastueux et arrogant d’Olympien ce qu’il pouvait avoir d’odieux, et qu’elles nous montrent au contraire combien ce titre lui convenait : car nous croyons que les dieux, étant par leur nature auteurs de tous les biens, sont incapables de produire les maux ; c’est à ce double titre que nous les reconnaissons pour les rois et les maîtres du monde[123]. Cependant les Athéniens, qui venaient d’être battus sur les frontières de l’Attique, commençaient à se repentir d’avoir éloigné Cimon ; et, s’attendant à une rude guerre pour le printemps prochain, ils désiraient vivement son rappel. Vie de Périclès est un chapitre issu des Vies parallèles de Plutarque, dans lequel il met en miroir un personnage grec avec un personnage romain. Qui vibre, vole, et qui ne vole pas! Voir cours sur les institutions. L’ostracisme : institution créée par Clisthène. – entre l’art, qui ne procure qu’une satisfaction esthétique, et la pratique de la vertu, qui incite réellement à bien agir, donc peut « changer la vie ». Soutenu de la faveur du peuple, Périclès ruina l’autorité de ce conseil ; il lui ôta, par le moyen d’Éphialtès, la connaissance d’un grand nombre d’affaires, et fit condamner au bande l’ostracisme, comme ami des Lacédémoniens et ennemi du peuple, Cimon lui-même, qui n’était inférieur à aucun autre citoyen ni par sa naissance ni par sa fortune, qui avait remporté sur les Barbares les victoires les plus glorieuses, et qui, comme je l’ai dit dans sa vie, avait rempli la ville des richesses et des dépouilles des ennemis : tant Périclès avait de pouvoir sur la multitude. Frappés par tous les objets qui les environnent, nos sens extérieurs sont forcés d’en recevoir les impressions, bonnes ou mauvaises. Πῶς ἂν οὖν τις…πιστεύσειε : comment pourrait-on faire confiance ? Opposition de deux politiques : Cimon compte sur la charité privée, Périclès sur les finances publiques. Mais ce qui surprenait davantage, c’était la promptitude avec laquelle ils avaient été construits : il n’y en avait pas un seul qui ne semblât avoir exigé plusieurs âges et plusieurs successions d’hommes pour être conduit à sa fin, et cependant ils furent tous achevés pendant le court espace de l’administration florissante d’un seul homme. Comme il était sur le point de mourir, les principaux citoyens et ceux de ses amis qui avaient échappé à la contagion, assis autour de son lit, s’entretenaient de ses vertus et de la grande puissance dont il avait joui pendant sa vie. Outrés de cet affront, quelques Mégariens. La maladie affecta tout à la fois les corps et les esprits : les Athéniens s’aigrirent tellement contre Périclès, que, semblables à des frénétiques qui s’emportent contre leur médecin ou contre leur père, ils le traitèrent avec la dernière injustice. Il embrassa donc les intérêts du peuple, afin d’y trouver de la sûreté pour lui-même et du crédit contre Cimon. On dit assez généralement qu’il eut pour maître de musique Damon, dont on prétend que le nom doit être prononcé avec la première syllabe brève[12] ; Aristote assure qu’il l’apprit de Pythoclides[13]. Il dit encore dans sa comédie de Némêsis : Accours, ô dieu puissant de l’hospitalité. La Grèce ne peut se dissimuler que, par la plus injuste et la plus tyrannique déprédation, les sommes qu’elle a consignées pour les frais de la guerre sont employées à dorer, à embellir notre ville comme une femme coquette que l’on couvre de pierres précieuses ; qu’elles servent à ériger des statues magnifiques, à construire des temples dont tel a coûté jusqu’à mille talents [40]. Aristide, dit « le Juste » participa comme stratège à la bataille de Marathon (490) et devint archonte en 489 ; il sera ostracisé par le démocrate Thémistocle en 484 ; bientôt rappelé, il participe aux batailles de Salamine et de Platées (479) ; en 477, il organise la confédération maritime avec les Ioniens qui refusent d’obéir au roi de Sparte Pausanias ; il mourut probablement en 467. διαπονέω-ῶ : travailler avec soin pour apprendre, ἀλείπτης, ου : celui qui frotte d’huile, maître de gymnase, entraîneur, παρακάλυμμα : ce qui sert à cacher, prétexte, couverture. « Il vit, disaient-ils, avec la femme de Ménippus, son ami et son lieutenant. En effet, quoique sa femme, qui était sa parente, et qui avait épousé en premières noces Hipponicos, dont elle avait eu le riche Callias, eût donné à Périclès deux fils, Xanthippe et Paralos, ils s’inspirèrent réciproquement un tel dégoût, que, l’ayant mariée à un autre, de son consentement, il épousa Aspasie. Eupolis[11], dans sa comédie des Bourgs, demande des nouvelles de chacun des orateurs du peuple qui reviennent des enfers ; et, après avoir entendu nommer Périclès le dernier, il dit de lui : Tu conduis des enfers la principale tête. Il imitait en cela un médecin prudent, qui, ayant à traiter une maladie longue et dont les accidents varient, sait administrer à propos à son malade ou des médicaments agréables et doux ou des remèdes violents,et lui rend, ainsi la santé. Voilà des particularités qui me sont revenues à la mémoire en écrivant la vie de Périclès ; et il eût été sans doute d’une sévérité outrée de les passer sous silence. Mais les amis de Périclès, s’étant ligués contre lui, l’obligèrent, comme banni, de se retirer[33]. Comme, chez un peuple à qui un empire si étendu donnait une grande puissance, il germait nécessairement des passions de toute espèce, il était seul capable d’appliquer à chacune de ces maladies morales le traitement qui lui convenait, d’employer tour à tour l’espérance et la crainte, comme un double gouvernail ; l’une retenait les emportements de la multitude, et l’autre la ranimait quand elle était découragée. Noter le caractère nettement péjoratif de cette présentation des « maîtres » de Périclès : Aucun de ces trois-là ne peut trouver grâce aux yeux de Plutarque, disciple de Platon. XIV. Καὶ μὴν τήν γε πρὸς χρήματα μεγαλοφροσύνην ὁ μὲν  τῷ μηδὲν λαβεῖν παρὰ τῶν διδόντων, ὁ δὲ τῷ προέσθαι  πολλὰ τοῖς δεομένοις ἐπεδείξατο, λυσάμενος τοῖς ἰδίοις  χρήμασι τοὺς αἰχμαλώτους· πλὴν τούτων μὲν οὐ πολὺς  ἦν ἀριθμός, ἀλλ´ ὅσον ἓξ τάλαντα. Les Samiens se défendirent avec vigueur ; ils osèrent même faire des sorties et combattre devant leurs murailles. Il raconte que Périclès fit conduire les capitaines des vaisseaux et les soldats samiens sur la place publique de Milet ; que là ils furent attachés à des poteaux, où ils restèrent exposés pendant dix jours ; qu’enfin, comme ils étaient sur le point d’expirer, on les assomma à coups de bâton, et on leur refusa même la sépulture. Il meurt au siège de Cittion, à Chypre, en 449. ἡ ἄνθρωπος : une femme (nuance de mépris ou de colère). Les Vies parallèles, ou Vies parallèles des hommes illustres, d'après la traduction de Jacques Amyot, forment l'œuvre la plus connue de Plutarque, écrite en grec et composée entre 100 et 120. Quelle ombre de tortue La Vie de Cicéron et la Vie de Démosthène; La Vie d’Alcibiade; La Vie de Périclès; La Vie d’Alexandre et celle de César. Les uns, il est vrai, attribuent cette inflexibilité à sa prudence et à sa grandeur d’âme, qui lui firent juger que c’était le parti le plus avantageux, et que la demande des Lacédémoniens n’était de leur part qu’une tentative pour voir si les Athéniens céderaient ; complaisance qu’on aurait regardée comme un aveu de leur faiblesse[97]. Périclès était de la tribu Acamantide, du bourg de Cholargue, et descendait par sa mère des plus illustres familles d’Athènes. Les Lacédémoniens étaient entrés en armes dans le pays de Delphes, et avaient ôté aux Phocidiens l’intendance du temple pour la donner aux Delphiens. La philosophie, en dissipant cette ignorance, bannit la superstition, toujours alarmée, toujours tremblante, et la remplace par cette piété solide que soutient une ferme espérance. Périclès, s’étant embarqué, ne fit rien qui répondit à de si grands préparatifs. Il paraît que l’avarice était dans cette famille une maladie héréditaire, car elle passa au fils, qui, convaincu de plusieurs actions honteuses, fut chassé de Lacédémone. Comparer Périclès et Pisistrate n’est pas innocent : comme lui, c’est un aristocrate favorable au peuple, et en même temps, c’est rappeler aux Athéniens la chute dramatique des Pisistratides, et la gloire qui entoure ceux qui les ont vaincus. XXXVII. Quand il fut à la porte de sa maison, comme il faisait déjà nuit, il commanda à un de ses esclaves de prendre un flambeau et de reconduire cet homme chez lui. La politique extérieure de Périclès. [270] — (SOCRATE) : Tous ceux des arts qui ont du prix réclament un complément de bavardage (270a) et de rêverie spéculative concernant la Nature, car c’est bien de là que s’introduisent en eux la sublimité de pensée qui les caractérise et la perfection de leurs oeuvres à tous égards. Cf. Périclès, moins riche que lui, et ne pouvant l’égaler dans ces moyens de se concilier les bonnes grâces du peuple, eut recours à des largesses qu’il prenait sur les revenus publics. Il était père de ce Gylippe qui vainquit les Athéniens en Sicile. Cf. C’est ce travail dont Cratinos censure la lenteur dans ses pièces : Périclès de ses cris semble presser l’ouvrage. C’est celui qui, dans la suite, après avoir remporté sur les Péloponnésiens une victoire navale près des îles Arginuses, fut condamné à mort par le peuple, avec les autres généraux ses collègues[121]. Mort de Périclès. Périclès n’aimait guère Cimon, mais aurait-il traité  ses fils de « métèques », alors que sa propre femme était milésienne, et son fils un bâtard ? Il commence alors la construction des murs d’Athènes. Ces édifices étaient d’une grandeur étonnante, d’une beauté et d’une élégance inimitables. Le peuple la lui alloua sans aucune information, et ne voulut pas en connaître le motif secret. Il renonça aux festins, aux assemblées, et à tous les amusements de cette espèce dont il avait contracté l’habitude. « Nous combattons, disait-il, pour leur défense, et nous éloignons les Barbares de leurs frontières ; ils ne fournissent pour la guerre ni chevaux, ni galères, ni soldats ; ils ne contribuent que de quelques sommes d’argent, qui, une fois payées, n’appartiennent plus à ceux qui les livrent, mais à ceux qui les reçoivent, lesquels ne sont tenus qu’à remplir les conditions qu’ils s’imposent en les recevant. ». Cet ensemble varié de traités et de dialogues est principalement consacrés à des questions de philosophie morale, (La Vertu et le Vice, Dialogue sur l'amour, De la curiosité). Mais sa course maritime autour du Péloponnèse le fit estimer et admirer des étrangers même. Ils nous peignent le séjour des dieux comme une demeure ferme et inébranlable, qui n’est jamais ni agitée par les vents ni obscurcie par les nuages, où règne toujours la plus douce sérénité, où brille la plus pure lumière : un tel séjour est en effet le seul qui convienne à des êtres immortels et souverainement heureux ; et cependant ils nous représentent les dieux eux-mêmes livrés à des agitations continuelles, pleins de haine, de colère et de toutes les passions qui déshonoreraient des hommes raisonnables et sensés. Il portait encore qu’Anthémocritos serait enterré près des portes Thrasiennes, qu’on appelle aujourd’hui le Dipyle[94]. Douris de Samos vivait au IVème siècle ; Denys d’Halicarnasse confirme qu’il est peu fiable. Il paraît cependant que l’attachement de Périclès pour Aspasie fut une véritable passion. Par ailleurs, noter la forme très rhétorique de cette introduction : parallélismes et oppositions soulignées, usage des anecdotes… Le but est évidemment pédagogique. Comme les orateurs attachés au parti de Thucydide ne cessaient de crier que Périclès dilapidait les finances et ruinait la république, il demanda un jour au peuple assemblé s’il croyait qu’il eût beaucoup dépensé. Ce bruit fut saisi avidement par les poètes comiques, qui en prirent occasion de l’accuser d’incontinence ; ils lui imputèrent de vivre avec la femme de Ménippe, son ami et son lieutenant à l’armée. Θουκυδίδης, ου : Thucydide. Cette introduction nous précise donc quel est le projet initial de Périclès dans ses Vies : un projet essentiellement moral, où l’histoire est considérée comme un recueil d’ « exempla« , et destiné à l’édification morale des lecteurs. Trois trittyes (une prise dans chaque catégorie) forment une tribu (φυλή) ; la tribu n’a donc pas d’existence territoriale, mais seulement morale ; elle est le cadre de l’administration athénienne : elle fournit les 50 bouleutes d’une prytanie et sert de base au recrutement de l’armée. Elle disposait d’une puissance navale qui faisait de l’ombre à Athènes ; soumise en 456, elle vit ses habitants chassés et remplacés par des clérouques en 431. ἄλλοι δὲ πολλοὶ φασὶ : il s’agit, entre autres, de Platon, dont on connaît la haine envers la démocratie. Le μισθὸς ἐκκλησιαστικός ne sera institué à Athènes que beaucoup plus tard. XXXVIII. Dans la Vie de Périclès, Plutarque donne le même sens à ce mot quand il parle de « Thucydide et des orateurs de sa tendance » 20. Quelque temps après[89], pressentant l’éruption prochaine de la guerre du Péloponnèse, il persuada le peuple d’envoyer du secours aux habitants de Corcyre, que les Corinthiens avaient attaqués, et de mettre dans leurs intérêts une île dont les forces maritimes leur seraient si utiles dans l’invasion qui les menaçait du côté du Péloponnèse[90]. Périclès serait-il un « agélaste », dont plus tard Rabelais se moquera si fort ? Ἔργων γε μὴν μεγέθεσι καὶ ναῶν καὶ κατασκευαῖς  οἰκοδομημάτων, ἐξ ὧν ἐκόσμησεν ὁ Περικλῆς τὰς Ἀθήνας, οὐκ ἄξιον ὁμοῦ πάντα τὰ πρὸ τῶν Καισάρων φιλοτιμήματα  τῆς Ῥώμης παραβαλεῖν, ἀλλ´ ἔξοχόν τι πρὸς ἐκεῖνα  καὶ ἀσύγκριτον ἡ τούτων ἔσχε μεγαλουργία καὶ μεγαλοπρέπεια  τὸ πρωτεῖον. Il évita d’assembler le peuple, de peur d’être entraîné hors de ses résolutions. Mais après la mort d’Aristide et le bannissement de Thémistocle, Périclès, voyant Cimon toujours retenu hors de la Grèce par des expéditions militaires, se déclara pour le parti du peuple, et préféra au petit nombre de riches la multitude des citoyens pauvres. Il n’est donc pas facile d’assigner la véritable origine de cet te guerre[96] ; mais tous les historiens conviennent que Périclès fut seul la cause qu’on n’abolit pas le décret contre Mégare. Une opposition qui nous semble aujourd’hui bien contestable…. Cette question, digne dun homme d’état, était la censure de ceux qui épuisent pour des animaux l’affection et la tendresse que la nature a mises en nous, et qu’on ne doit exercer qu’envers les hommes[1]. Cependant les Athéniens avaient alors de grands architectes et d’habiles artistes. Cette tête de femme voilée fut considérée un premier temps comme représentant Aspasie (la maîtresse de Périclès). Depuis ce décret, le roi d’Egypte ayant fait présent au peuple d’Athènes de quarante mille médimnes de blé[120], il fallut les distribuer aux citoyens ; mais, en vertu de cette loi, on cita en justice un grand nombre de bâtards qu’on avait oubliés et qui n’étaient pas même connus. On lui en voulait surtout parce qu’en gravant sur le bouclier de la déesse le combat des Amazones, il s’y était représenté lui-même sous la figure d’un vieillard qui soulève de ses deux mains une grosse pierre. χαρίζομαι : accorder une faveur à quelqu’un, être agréable à qqn. Il prit des renforts dans l’Achaïe, alliée des Athéniens, s’embarqua pour passer dans le continent opposé, côtoya le fleuve Achéloos, ravagea l’Acarnanie, renferma les OEnéades dans leurs murailles[60], ruina tout le pays et rentra glorieusement dans Athènes, après s’être montré aussi redoutable aux ennemis que rempli de prudence et d’activité pour la sûreté de ses concitoyens.