La vérité de la réalité locale le trouble. Au XVe et XVIe siècles des travaux importants lui donnèrent son aspect actuel. Des mannequins de cire y figurent les épisodes les plus représentatifs : » La dame de Bonifacio « , » Scène du corps de Garde génois « , » Le passage de Charles-Quint « , » Bonaparte à Bonifacio « , » Le naufrage de la Sémillante « , etc. Nous nous contenterons de donner quelques indications sur les visites et les excursions à effectuer à Ajaccio et dans ses environs. En remontant le cours Paoli jusqu’à la place du même nom, on parvient au coeur de la vieille ville. Ses écrits en témoignent à travers les revendications qu'il formule, les thèmes qu'il aborde, les interprétations qu'il expose et l'affirmation catégorique de la vocation des Corses à se gouverner eux-mêmes. Ne bénéficiant pas de la loi d’amnistie générale, ses biens furent confisqués en 1796 et notamment sa maison d’Ajaccio. Cette fresque pourtant réalisée par un artiste talentueux frappe par sa composition confuse et sa facture maladroite. Totalement investi dans l'action, obéissant à un mystérieux appel que rien ni personne ne pouvait étouffer, il a entamé son périple vers les étoiles. Depuis, le château est inhabité et interdit à la visite même extérieure. L'ouvrage devait être aussi une apologie de son peuple. On se rappelle l'image irréaliste qu'il en avait donnée dans ses premiers textes sur la Corse, en 1786, dont sa lettre à Necker. Cette méthode élaborée et pratiquée dans la vendetta et adaptée par les nationalistes corses est perpétuée encore de nos jours où les actes contre l'État, toujours à ciel ouvert, sont montés dans le même esprit. Depuis la place Paoli, la promenade dans la vieille ville est un enchantement. (BML) Charles Gosselin, 1843. L'ambivalence des valeurs est entière. 50, rue Fesch Dans le pathos exaltant la patrie, Napoléon y passe en revue des héros corses (73), parvenus à régner « à force d'intrigues et d'assassinats » (74), et avec cet éclatant défilé, il brosse l'histoire de l'île. Bon voyage ! Porcelaine, argenterie, mobilier et vaisselle côtoient des tableaux d’artistes ajacciens du XIXe et du XXe siècle. Tantôt « la source de l'infortune et de la misère de [sa] patrie » (44), tantôt la « fatalité […] qui pour tous les autres peuples devin[t] la première source de richesse » (45), mais qui, pour la Corse, n'est qu'une funeste malédiction. 1795 – 1815 Napoléon, d'abord général de la République, puis chef de l'Etat à trente ans avec le titre de Premier Consul, se proclame empereur en 1804. La rupture fut définitive après que Paoli fut déclaré « traitre à la République » et déchu de son commandement suite aux accusations de Lucien Bonaparte en 1792. C'est une onde de choc. Certaines tours optèrent pour une forme carrée telle la tour de Porto mais la plus grande partie des quatre-vingt-dix tours recensées sont rondes. Cet itinéraire nous entraînera donc sur les traces de la famille Bonaparte en Corse. Il faut imposer l'exécution des décrets de l'Assemblée nationale en Corse. Sous le commandement du général Stuart, les assaillants se répartirent sur les collines alentours et bombardèrent intensivement la cité. Son imagination méridionale aussi. A cette occasion, le prince Napoléon prononça un sévère discours à l’encontre de la politique de l’Empereur. Résidence les Jardins en ville, 20200 Bastia Avant de quitter le boulevard Danielle Casanova, un arrêt s’impose au n°18 dans un charmant petit musée privé installé dans un bâtiment datant de la période génoise, le musée du Capitellu. Dans cet esprit, le préfet Miot commanda en l’An IX (1801-1802) à l’ingénieur des ponts et chaussées, le maltais Petrucci, un grand plan de la ville d’Ajaccio qui prévoyait la destruction des remparts autour de la place de l’Olmo (place Foch) et celle de la porte de la ville qui comprimaient trop la cité. 1795 – 1815. Il s'agit de la glorification de la fuite, de la vie dans le maquis et de la résistance à l'envahisseur, thèmes chers aux « bandits d'honneur » corses. Cette artère «la Carrughiu drittu» (la rue droite) était une des premières d’Ajaccio, celle où vivaient les notables sous la domination génoise. (BML) Assimilé à un saint, Paoli incarnait pour Napoléon un idéal de justice, un modèle de héros, un archétype de bandit d'honneur. Ce plan fut remplacé par un autre réalisé, selon la légende, sous la direction même de Napoléon. Perdu plusieurs fois. Le souffle large, une vision de l'avenir lumineuse, ses jugements bien établis et l'ambition de sauver et de refaire le monde, Napoléon devient soudain étranger chez lui, dans cette Corse figée dans le crépuscule. * A. Arrighi, Histoire de Pascal Paoli, ou la dernière guerre de l’indépendance : 1755-1807, Lib. 21 Corses figurent en effet sur son testament parmi lesquels apparaissent les figures les plus chères de son enfance, sa nourrice Camilla Illari, l’abbé Recco, Nunzio Costa, Jérôme Levie et les amis et partisans de Bocognagno. Il y en a eu d'autres avant, il y en aura d'autres après, toutes imposées par les anciens schémas mentaux. En voici le texte : « Trois jours de mai 1793, Napoléon Bonaparte poursuivit par les anglo-paolistes reçut l’asile de l’amitié dans cette maison chez Jean-Jérôme Lévie, ancien maire, qui y assembla des montagnards armés. Le deuxième étage retrace l’histoire de la Corse au XVIIIe siècle et celle de la famille Bonaparte tandis qu’au premier étage se répartissent les appartements historiques. Il se compose d’une statue équestre de Napoléon Ier en costume romain entourée des statues en pied de Joseph, Lucien, Louis et Jérôme montées sur un piédestal de granit rose. Le jeune Napoléon y découvrit des auteurs qui l’accompagnèrent tout sa vie : Plutarque, Homère et Virgile pour ne citer qu’eux. L’aile droite du palais Fesch fut ainsi commandée pour abriter la chapelle funéraire des Bonaparte. Il est à noter que le musée abrite la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse qui publie un bulletin depuis 1881. Tous les autres enfants du couple Bonaparte naquirent également dans cette demeure à l’exception de Joseph dont nous rencontrerons la maison natale à Corte. Ayant suivi son père en exil à Naples, il acquit une solide formation classique tout en se familiarisant avec les idées des philosophes français. En 1789, tout inspirée par la Révolution, son action est motivée par des idéaux universels, certes, mais on peut y voir aussi une interprétation justificative de la rébellion perçue comme un acte de patriotisme concernant un territoire déterminé. Il s'agit d'une prise de conscience définitive et salvatrice. La lutte était par trop inégale et la bataille de Ponte Nuovo le 8 mai 1869 sonna la défaite de Paoli qui dut fuir en Angleterre. Il n’y eu aucun survivant. https://www.napoleon.org/magazine/itineraires/napoleon-et-la-corse Une intéressante série de monnaies et de médailles figurant les grands événements de l’épopée napoléonienne évoque également l’histoire du Consulat et de l’Empire. La Corse, elle, a barré la route à cette hécatombe. La rivalité des deux hommes prend un cours irréversible. Aujourd’hui, la toiture en ardoise avec ses ornements de plomb et de cuivre a été reconstruite, mais les éléments décoratifs de la façade souffrent à l’évidence du manque d’entretien. Plus loin, au 2 cours du général Leclerc, une riche écossaise, Miss Campbell, fit construire une église anglicane en granit du pays. Les Milelli ont abrité dans les années soixante-dix et quatre-vingt une partie de la collection ethnographique de Louis Dozan aujourd’hui exposée au Musée de la Corse à Corte. Il se présente comme un grand promontoire composé d’un plan incliné maçonné recouvert d’inscriptions au sommet duquel s’élève une petite pyramide à degrés supportant la réplique en bronze de la statue de Seurre qui couronnait la colonne Vendôme et qui se trouve aujourd’hui aux Invalides. Le premier étage s’intéresse au développement industriel de la Corse dans la deuxième partie du XIXe siècle, au renouveau des Confréries et à l’expansion du tourisme dans l’île de beauté. En suivant celui-ci, au n°12, faire une halte au Grand Café Napoléon. Elle va bientôt se radicaliser. Ce deuxième circuit nous emmène à la rencontre de la famille Bonaparte. Quelques grands rochers au milieu des oliviers forment cette grotte où, selon la légende, le petit Napoléon se réfugiait souvent pendant son enfance. Il formule des règlements, rédige des mémoires apologétiques et des projets militaires, tous ayant trait à la Corse (69). Pour Napoléon, elle était avant tout le conditionnement qui a défini le destin de son pays et accompagné le sien avec ses vagues et, surtout, avec ses îles : Corse, Grande-Bretagne, Elbe et Sainte-Hélène. La place de Gaulle est un bel espace d’environ deux hectares dont la terrasse offre une vue magnifique sur le golfe d’Ajaccio. Les passions peut-être, la violence sans doute. Conflit de personnes? On récoltait le vin. En effet, ce village abrita Napoléon lors de sa fuite en 1793. La gallophobie de Napoléon ressort de toutes ses virgules, tout comme son dédain qu'il crache à la figure de ceux qui ne se rallient pas sans réserve à Paoli : « Mes compatriotes chargés de chaînes et qui baisent en tremblant la main qui les opprime ? Que vous soyez un particulier ou une entreprise, vous pouvez bénéficier d'avantages fiscaux. Son instruction est accomplie. En fait, la casa Bonaparte fut cédée au cousin germain de Letizia, André Ramolino, qui, en échange, s’engagea à céder sa propre demeure à Camilla. * Frédéric Masson, Napoléon dans sa jeunesse (1769-1793), Librairie Ollendorff, Paris,1897-1899 (BML) Un résumé sur l’histoire de ces tours dites génoises vous invite à les découvrir. Cédée à Gênes en 1280, la cité possédait déjà un fortin transformé au cours des années en citadelle aujourd’hui classée monument historique. A l’ouest d’Ajaccio, le » quartier des étrangers « , idéalement situé entre la mer et le cours Grandval, fut le témoin de cet engouement mondain. Ce n’est que dans le premier quart du XVIIIe siècle que l’île essaya de se libérer du joug de ses occupants. À présent, ses intérêts sont plus méthodiques. Cette grande artère fut prolongée en 1862 et reçut le nom de Joseph Grandval, un industriel marseillais d’origine corse. Le 14 février 1855, La Sémillante, l’une des dernières frégates en bois et à voiles construites en France, quitta le port de Toulon en direction de Constantinople avec à son bord 301 marins d’équipage et 392 soldats envoyés en renfort aux troupes françaises combattant en Crimée. A chacun de ses retours en Corse, il ne manquait pas d’aller l’inspecter et c’est là, au retour d’Egypte en 1799, qu’il passa les journées des 2 et 3 octobre en compagnie de Murat, Lannes et du contre-amiral Gantheaume. Une terrasse fut aménagée autour du château et bordée d’un garde-corps en ferronnerie provenant du château de Saint-Cloud, détruit lui lors d’un bombardement prussien en 1870. Avec Napoléon III, “la Corse entre à sa façon dans l’ère industrielle” (Jean-Marc Olivesi). On peut toujours y voir les ruines du pont génois qui fut le centre de la bataille. Napoléon y reste jusqu'au 13 février 1792, puis il se rend à Corte [Corti] , via Bocog… Tout, dans sa vie, est dissension, antagonisme, rivalité, un conflit permanent des éléments qui ne peuvent et ne doivent que se nuire et se heurter, l'exercice des inimitiés définissant la dynamique conflictuelle de la susceptibilité corse (88), la vendetta – pratiquée comme une forme première de justice – étant l'affirmation la plus éloquente de l'exploitation de la haine. Ils répondaient par là au voeu de leur grand-oncle d’édifier sur cette terre une demeure digne de la fortune qu’il leur avait léguée. Il prend un ton guerrier, durcit son discours et annonce des virages réformistes. « L'île fut divisée en autant de puissances qu'il y eut de familles (80) qui se faisaient la paix ou la guerre selon leur caprice et leur intérêt » (81). Dans Terra Nova, le palais des Gouverneurs génois mérite une visite attentive. « Chers compatriotes, écrit-il en 1787, dans son texte “Sur l'histoire de la Corse” (29), nous avons toujours été malheureux. Dès cette époque, il manifesta la volonté d’être soldat et plusieurs anecdotes rapportées par Joseph ou Madame Mère en témoignèrent par la suite. Il est amusant de constater que, contrairement à la célèbre formule qui définissait Ajaccio comme, «le souvenir de l’Empereur, avec quelques maisons autour », les objets évoquant l’illustre enfant du pays ne sont pas nombreux. Elle tenait à honneur de n’avoir jamais acheté ni pain, ni vin, ni huile ». C'était à l'époque où il projetait d'écrire l'his-toire de la Corse. Elle fut ensuite réquisitionnée par ces derniers pour servir de logement aux officiers et l’on raconte qu’Hudson Lowe, le futur geôlier de Napoléon à Sainte-Hélène, y résida à l’étage. * Michel Vergé-Franceschi, Paoli : un Corse des Lumières, Fayard, 2005. Plusieurs membres de la famille Pozzo di Borgo furent inhumés ici ainsi que Pascal Fiorella, général de Brigade en 1795 passé au service de la République italienne, sénateur du Royaume d’Italie en 1809. Oppressée par les conquistadors de tout poil dont les Phocéens (10), les Romains (11), les Sarrasins (12), Pise (13) et les Génois (14), depuis 1768 sa Corse natale étouffe sous le « joug français » (15) qu'il désire secouer, fidèle à Paoli, son maître, son dieu (16). * Fernand Ettori (sous la direction de), Corse, coll. L’action civile est ensuite évoquée par les termes de « Code civil, Université, Banque de France, Légion d’Honneur, Cour des Comptes ». Un nouveau séjour en Corse débute pour Napoléon lors de son arrivée à Ajaccio le 1er octobre 1791. Une centaine de familles génoises et ligures parmi lesquelles figuraient les Bonaparte fut alors envoyée pour en assurer le peuplement. En 1789, dans la « Lettre à M. Giubega » (32), le parrain de Napoléon, la domination de la France est qualifiée de « la tyrannie la plus affreuse », imposée par les Français « méprisables par leurs moeurs (…), leur conduite », et par leur « abjecte naissance », étrangers à la langue corse et à sa morale. Deux cimetières furent ouverts sur l’île Lavezzi. En France, depuis deux mois, sous le déferlement des canons, l'avalanche de la Révolution a emporté sur son passage, toutes les vieilleries de l'Ancien Régime. Il a d'abord menacé, ensuite averti en indiquant la possibilité d'un conflit dans l'hypothèse où l'État ne répondrait pas aux revendications exprimées et, seulement là, il est passé à l'acte. Prendre le cours Grandval dont nous avons vu qu’il avait été amorcé en 1801. Et moi aussi, je serai Paoli. Ses relations avec Bonaparte sont évoquées à plusieurs reprises. » C’est en ces termes que Napoléon s’adressa au héros qu’il vénérait depuis l’enfance, Paoli, dans une lettre datée du 12 juin 1789. Letizia en prenant plus tard connaissance de l’anecdote, commenta : « mais c’est une fable. (BML) Il est trop jeune pour savoir que tout lecteur averti lira plutôt entre les lignes. De taille plutôt modeste, l’édifice qui date de la fin du XVIe siècle était le lieu de culte de la famille Bonaparte. Accroché à ses ambitions et séduit par une autre éthique, il ne courra plus que les risques indispensables et utiles à son ascension sociale. Les cris du mourant, les gémissements de l’opprimé, les larmes du désespoir environnèrent mon berceau dès ma naissance. Porté par les uns, combattu par les autres, Napoléon a connu une carrière qui se nourrissait de périls et d'échecs se transformant en rebonds surprenants. Il nous fera pénétrer la petite enfance de Napoléon à Ajaccio mais aussi, à travers l’évocation de la figure mythique de Paoli, nous fera mieux comprendre l’engagement politique du jeune homme en faveur de l’indépendance de la Corse puis son ralliement à la France. Tel un fauve qui sent la forêt, Napoléon suivra désormais sa voie personnelle. (BML) Sous le Second Empire, on érigea sur cette place une statue en marbre de Napoléon en costume romain sculptée par le florentin Bartolini en 1853. Fils cadet de Hyacinthe Paoli, un chef de la deuxième des quatre insurrections de la révolution corse, Paoli vit le jour le 6 avril 1725 au hameau de Stretta dans la commune de Morosaglia. Le nouveau-né fut ondoyé chez lui par autorisation de l’archidiacre Lucien. En gravissant sur la gauche les escaliers qui longent le mur de la citadelle, on arrive à un belvédère où la vue sur Corte et ses environs est magnifique. L’ensemble fut conçu par Viollet-le-Duc. L’Office national des Forêts propose également des randonnées dans les forêts domaniales de Chiavari et de San Antone à proximité d’Ajaccio (voir Info pratiques). Présentation de l’exposition Qu’il s’agisse de la masse du bâtiment dans l’espace urbain, du décor de ses façades et du rythme des baies, du plan, de la distribution intérieure, les…. On se souvient qu'elle a reçu Marbeuf (90). Une bibliothèque spécialisée y est à la disposition des chercheurs. Place forte stratégique, elle résista ainsi à Paoli et à ses troupes en 1755 et en 1768. Les troubles qui déchiraient l’île le contraignirent à reprendre le chemin de l’exil. Elle fut certainement un lieu fascinant pour Napoléon enfant. « L'amour de la Patrie est la première vertu de l'homme civilisé », dira-t-il encore (19). La rue Bonaparte débouche sur la place du maréchal Foch où se trouve, outre la statue de Bonaparte aux Lions sur laquelle nous reviendrons dans le circuit suivant, l’Hôtel de Ville appelé aussi « La maison Carrée » par les Ajacciens. des Musées nationaux, 1976, 17 p., photogr. Elle sera imposée. Elle témoigne des nouvelles conceptions qui se firent jour en matière d’urbanisme à la fin du XVIIIe siècle et qui prônaient un rationalisme nouveau tout en s’inspirant des villes de l’Antiquité : goût des grandes artères, rues se coupant à angle droit, place carrée très dégagée pour les cérémonies et les fêtes, symétrie, etc. Les autorités en place disposent de moyens de répression, certes, mais, face à la flamme du volcan Bonaparte, elles n'ont aucune influence sur les esprits. La société corse au XVIIIe n’est pas une société égalitaire, tant s’en faut. En poursuivant un peu dans la rue Fesch, on observe au n° 44, à proximité de la maison natale de celui que l’on surnommait le « Napoléon de la romance », Tino Rossi, une plaque commémorative évoquant l’opposition de Bonaparte à Paoli. Un pays de toutes les perfections. * Paul Bartel, La jeunesse inédite de Napoléon, Amiot-Dumont, Paris, 1954. Devenu Premier consul, Bonaparte nomma Levie maire d’Ajaccio en 1800, charge que celui-ci refusa en raison de son âge. Avec le rétablissement et l’inauguration d’une nouvelle université à Corte en 1981, le Palais national devint le siège du Centre de Recherches corses et abrita la bibliothèque de cet institut. Au cours de ces séjours corses, entre 1791 et 1793, la tonalité des textes de Napoléon prend de nouveaux accents. Il rêvait « les Corses maîtres chez eux, seuls appelés aux emplois, se gouvernant eux-mêmes et délivrés de tout ce qui rappelait la conquête » (66). Certaines furent pourtant le lieu d’épisodes marquants de sa destinée. L’Office de Saint-Georges puis la République de Gênes furent à l’origine de cette politique relayés ensuite par les Corses eux-mêmes. En mai 1793, tandis que Letizia et ses enfants fuyaient pour rejoindre la France, la demeure fut entièrement pillée et partiellement brûlée par les paolistes soutenus par les Anglais. Le point de départ se situe devant l’échauguette de la citadelle. Cette autonomie concerne une unité ethnique qui résiste à tout envahisseur dans un élan de défense de la terre des ancêtres. Après la visite, il faut s’arrêter quelques instants dans le jardinet en face de la maison qui offre une halte agréable pour admirer le buste du Roi de Rome installé ici en 1936 pour le centenaire de la mort de Letizia. En remontant le cours Grandval vers la place d’Austerlitz, on peut encore observer quelques bâtiments de cette période, villas cossues ou grand hôtels reconvertis. Les environs de la cité offrent de belles excursions pédestres permettant leur découverte. En Corse, on appelle cela « la lutte des envies ». Elle longe une succession de petites plages ombragées de palmiers où l’on ne peut que déplorer la prolifération de constructions modernes. Il y retourne une nouvelle fois le 1er janvier 1788 pour y rester jusqu'au 1er juin de la même année. Plus tard, en exil, Paoli exprimera finalement son admiration pour Napoléon : « La liberté fut l’objet de nos révolutions : on en jouit aujourd’hui seulement dans l’île. Napoléon y resta trois mois avant d’intégrer l’école militaire de Brienne. Elle servit de refuge à Bonaparte traqué en 1793 par les troupes paolistes et fut le point de ralliement de la famille pour fuir la Corse après que la maison de la rue Saint-Charles eut été pillée. Téléphone : 04 95 21 07 67, Musée Fesch /Chapelle impériale La Corse semble hors de l'histoire (56). Petit garçon vif et turbulent, il avait sur son frère aîné, Joseph, un ascendant complet, au point que bien plus tard, l’Empereur adressera en riant cette remarque à son fils le Roi de Rome alors âgé de deux ans : « Paresseux, à ton âge, je battais déjà Joseph ». Le piton rocheux de la citadelle dresse là sa masse écrasante et on peut y observer le Nid d’Aigle édifié en 1419 par Vincentello d’Istria, vice roi de Corse au nom du roi d’Aragon. Le futur Empereur reçut le baptême le même jour que sa soeur Maria-Anna, née en 1771 et qui décédera cette même année. Levie sut les éloigner sans lutte et la nuit même il fit sauver Bonaparte par mer pour gagner Calvi et de là les côtes de Provence. La narration exalte les souffrances des Corses et l'horreur de la France. Hésitant pour ses tours de syntaxe et d'apparat, Napoléon s'est tourné vers le Père Dupuy, son professeur de grammaire à Brienne, pour lui demander conseil. C’est en effet de Calvi que la famille Bonaparte fuyant Ajaccio s’embarqua le 11 juin 1793 pour Toulon. La ville devint le centre politique de la Corse française de 1796 à 1811, prééminence qu’elle perdit quelques années au profit d’Ajaccio, puis qu’elle retrouva durant tout le XIXe siècle. S’opposant au gouvernement républicain en 1796, il dut s’enfuir en Angleterre puis à Vienne. Hier complices, adversaires aujourd'hui, ils se retrouvent en complet désaccord (63). On peut y voir une ambition prophétique, née la tête dans les étoiles, certes, mais pleinement enracinée dans les rites, les symboles et les démons de son île. Arrivé à Ajaccio, Napoléon est stupéfié par l'immobilisme ambiant. En effet, le château de la Punta fut édifié à partir des ruines des Tuileries incendiées le 23 mai 1871 lors de la Commune. L'avenir contre le passé. Après son mariage, Charles s’installa à Corte avec son épouse Letizia et Joseph, leur premier fils, y vit le jour. • Charles-Marie Bonaparte (1746-1785) Jeune noble corse, il étudie le droit en Italie et en Corse. Napoléon Bonaparte est baptisé dans cet édifice baroque tourné vers la mer en juillet 1771. L’érection des tours s’accéléra au XVIe siècle et un plan de construction fut même établi le 25 juin 1593. Paoli décide de contrer les frères Bonaparte. Le chemin conduit jusqu’aux plages de Capo di Feno par un sentier en corniche qui domine la mer de 50 m. Les points de vue sur les Iles Sanguinaires y sont nombreux et magnifiques. En fuyant l’île en 1793, Napoléon Bonaparte enterrait son rêve corse pour aller jouer son destin sur une autre scène. (Cahiers de Sainte-Hélène, 15 février 1821). Il cherche à s'accrocher encore à une raison, à une justification quelconques ou à une figure de style bien sonnante lui permettant de ne pas condamner son île. En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies. Ordonné prêtre en 1785, archidiacre d’Ajaccio en 1787, Fesch fut ensuite nommé vicaire de l’évêque de la ville. Elle ne se composait alors que d’un simple castello, un donjon et une enceinte basse. En tant que place forte, la citadelle fut le témoin de tous ces événements. Les lucarnes et le fronton nord furent copiés d’après des éléments de la Petite Galerie de Pierre Lescot au Louvre. Cette année-là encore, mais plus pour longtemps, il souhaite l'indépendance de l'île (58). « Les trahisons […] préparent des triomphes, écrivait Napoléon à l'Abbé Raynal, [mais] ils sont de courte durée » (71). * Le guide corse de la Corse, Editions Les Amis de la Corse, Fiumorbu, 1998. Jean Dal Colletto évoquera le régime impérial de Napoléon III sous le Second Empire qui a constitué un tournant majeur pour la Corse. Nombre d’historiens rapportent que le petit garçon y assistait aux relèves de la garde. « La vengeance [est] un devoir […] imposé par le ciel et par la nature » (87). Deux copies en ont été conservées dont l’une porte au dos l’inscription « plan d’agrandissement et d’embellissement d’Ajaccio envoyé de Paris par le cardinal Fesch avec la mention « anciens plans approuvés et exécutés en partie ». L'exorde de Napoléon est transcrite et corrigée en entier dans la première lettre et en partie dans la deuxième. Partagé entre corsitude et francisation, le jeune Napoléon quitte la Corse pour Brienne puis Paris où il apprend à s’intégrer à la société de son temps. Soucieux de l’avenir et de l’éducation de ses […] La rivalité entre Paoli et Napoléon s'étend entre 1791 et 1793. Au coeur d'une impasse politique, c'est en pur Corse que Napoléon va manier d'un même élan l'idéologie, la méthode et les gens. Le Grand Hôtel Continental devenu le siège de la Collectivité territoriale de Corse offre un exemple parfait de cette » Belle Epoque » et nous transporte dans l’univers luxueux des palaces du début du siècle. Envoyé par son oncle Lucien à l’université de Corte pour y étudier le droit, Charles Bonaparte fut présenté au général Paoli qui fit bon accueil au jeune ajaccien. Après avoir mis les deux départements hors-la-loi, Napoléon place le gouvernement de la Corse aux mains des militaires, qui commettent des exactions. Or, cet enthousiasme ne réussira pas à ébranler le passéisme des Corses ancrés dans la décadence de leur vie clanique, avec ses confuses passions nationalistes, ses intrigues de clocher, ses crispations de fanatisme politique fruste. Il s’agit du palais construit par ordre du cardinal Fesch, l’oncle maternel de Napoléon, né à Ajaccio en 1763 et décédé à Rome en 1839. L’édifice revint à sa vocation première à la fin des années 80 et abrite aujourd’hui le plus important musée de province en matière de peinture italienne. Cette folle entreprise vit son aboutissement en 1891 après le transport par chemin de fer jusqu’à Marseille puis par bateau jusqu’à Ajaccio des pierres qui avaient vu passer tant de rois et d’empereurs. Les thèmes évoqués ne manquent pas et apportent un éclairage entièrement nouveau sur la période et sur le personnage. Et lui-même reconnut plus tard qu’il n’avait pas assez œuvré pour son peuple : «J’ai été ingrat pour les Corses, je me le reproche, j’aurais dû faire davantage. La patrie, l'honneur, la violence, le banditisme, la liberté, la souffrance, l'héroïsme, l'économie, la politique, l'attitude à l'égard de la mort, la loi et la justice, la haine, le maquis, les moeurs, la morale, la lutte contre le pouvoir étranger, portent tous une empreinte corse. L’architecte Vincent conçut un édifice s’inspirant de la façade ouest du pavillon de Bullant en réutilisant sur la façade méridionale des colonnes ioniques au premier niveau et des colonnes corinthiennes au second. De 1962 à 1983 la Légion étrangère occupa les lieux. Cette route littorale qui conduit jusqu’à la pointe de la Parata fut aménagée à la fin du XIXe siècle quand le tourisme commençait à se développer. Si leur première rencontre en 1790 resta marquée par la déclaration de Paoli : « Tu es un héros à l’antique, un homme de Plutarque », leurs rapports vont ensuite se détériorier. Il court après un idéal. Pour le Corse, un adversaire est une promesse d'affrontement, une raison d'être. Longtemps nourri, le projet n'aboutira pas, Napoléon ayant soudain douté de son talent (21). A cette date, en exécution du traité de Cateau-Cambrésis, la Corse fut rendue à Gênes. Destiné aux touristes anglais installés à Ajaccio, elle fut ouverte au culte en 1878. On sent de forts accents nationalistes et – dirions-nous aujourd'hui – sépa ratistes. J’y répugnais, mais sans que je les susse, beaucoup se trouvèrent placés.» (Cahiers de Sainte-Hélène, mai 1816). Napoléon retrouve sa Corse natale le 15 septembre 1786 (54). Car, bien que dégoûté de la Corse – et le mot n'est pas trop fort – Napoléon, issu de ses entrailles populaires, subira toujours les influences de ses origines. Faites un don ! * Pierre Bonardi, Napoléon Bonaparte, enfant d’Ajaccio : Nabulione, Les Éd. Il y a des riches et des pauvres. Défenseur des libertés, partout où il passe, Napoléon fait florès. Napoléon et la Corse Ce numéro de la revue « Ici et là, le magazine des pays de France » est entièrement consacré à la Corse et à Napoléon. L'esprit corse et la méthode corse marquent la vision politique, l'attitude et la morale. La morale et les institutions de l'envahisseur, étrangères à celles de l'île, empêchent la société corse d'affirmer la plénitude de ses propres droits face à la suprématie de l'État étranger. Elle connut en effet un développement urbain intéressant dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle lié à l’expansion du tourisme. Réemprunter ensuite la rue Saint-Charles pour parvenir jusqu’à la rue Bonaparte. Fesch rejoignait le séminaire d’Aix et les petits Bonaparte le Collège d’Autin. Au cours de la campagne d’Italie, Napoléon délégua en Corse les deux frères Bonelli avec mission de secouer le joug anglomane. Sous Louis-Philippe, les maisons d’habitation à l’intérieur de l’enceinte furent détruites et les bâtiments militaires accueillirent une partie des garnisons de la ville avant d’être convertis en prison centrale pour détenus politiques. place foch 20000 ajaccio, Musée de la Corse / Musée régional d’Anthropologie Ainsi les routes sont médiocrement entretenues et deviennent bientôt de mauvais chemins jalonnés de fondrières. Au bout de la rue Saint-Charles, rue Forcioli-Conti, dans ce quartier qui vit grandir Napoléon, s’élève la cathédrale d’Ajaccio. Le plan primitif de la ville est encore visible dans ses grandes lignes autour de la citadelle.